Kélil : Une étoile marocaine sur la scène de F1
Apr 3, 2025
À Shanghai, métropole cosmopolite, un jeune Marocain est en train d’écrire son chapitre de jeunesse d'une manière unique. Il s'appelle Kélil et étudie à la Faculté de Chinois (Faculté des échanges culturels internationaux) de l’Université des Études Internationales de Shanghai(SISU). Récemment, Kélil est monté sur la scène de la cérémonie d'ouverture du Grand Prix de Chine de F1, où il a interprété Lumière foudroyante. Sa performance éblouissante a suscité une grande curiosité sur sa vie universitaire. Pour en savoir plus, nous avons engagé une conversation avec lui. Découvrons son histoire.

Un rêve du chinois inspiré de la guitare
Kélil, deuxième enfant de sa famille, a grandi dans un environnement traditionnel arabe. Ses parents sont tous enseignants d'anglais, et la famille vit dans une petite ville près de Casablanca. Chaque week-end, son père les emmenait en voyage en voiture, et pendant les escales, il sortait sa guitare pour jouer des musiques folks nord-africaines. C'est ainsi que Kélil a fait ses premiers pas dans l'univers musical. Pour lui, la musique était aussi simple que de respirer.
Plus tard, il intégrait l'Institut Confucius de l'Université Hassan II. Au début, il n'a pas beaucoup investi dans ses études. Les activités organisées par l'Institut étaient plus intéressantes pour lui que les cours ennuyeux. "La première chanson chinoise que j'ai apprise était Beijing, Beijing de Wang Feng, et j'ai même remporté le prix du Concours de chansons chinoises. J'apprenais toujours la chanson de manière générale d'abord, puis, si elle me plaisait, je cherchais la signification des paroles. Petit à petit, j'ai ainsi accumulé des connaissances en chinois", se souvient Kélil.

C'est une expérience en camp d'été qui l'a poussé à apprendre le chinois. L'été de la classe de première, il a été sélectionné pour un programme d'échange financé à la SISU. Mais en même temps, l'équipe de The Voice of China lui proposait de participer aux finales au Maroc. Hésitant, il a finalement suivi les conseils d'un professeur de l'Institut Confucius : "Profite de ta jeunesse pour découvrir le monde et explorer d'autres cultures. Les opportunités de chanter viendront plus tard." Ainsi, l'été 2019 a marqué sa première visite en Chine et il a ouvert la porte d’un nouveau monde. Shanghai lui a semblé à la fois étrangère et familière. Si Shanghai est étrangère, c’est parce qu’à peine débarqué, il a été frappé par la prospérité et la dynamique de la ville, différentes du Maroc, à cela s’ajoutait la difficulté de communiquer. Mais son grand frère, déjà étudiant à Shanghai, l’a tenu en compagnie. De retour au Maroc, son désir d'apprendre le chinois s'est intensifié. Il a décidé de s’efforcer d’obtenir une bourse pour connaître davantage la culture chinoise.
Défis et épanouissement : un jeune Casablancais à Shanghai
Au terme de son premier semestre à Shanghai, Kélil a vécu une expérience inoubliable : un accident de la circulation. À cause d'un manque de connaissance sur le code de la route chinois, il a changé de voie brusquement en suivant d'autres véhicules et a percuté un piéton âgé. Il a certes essayé d’arrêter au dernier moment, mais l’inertie l’a fait inévitablement percuter un senior. Pris de panique et rongé par la culpabilité, il a été surpris par la réaction des polices qui a cherché avec lui une solution amiable pour le dédommagement. En plus, étant donné que Kélil était étudiant avec un budget serré, la victime, bienveillante, ne l’a dénoncé pas et a même négocié avec lui la solution préférable. Ces deux parties ont trouvé enfin un consensus sur le dédommagement échelonné. Kélil a été frappé par l’inclusivité et la bienveillance de cette ville.
Cet événement a été un électrochoc pour Kélil. Il a pris conscience de l'importance de connaître les règles et d'agir de façon responsable. D’une part, il était urgent d’apprendre le code de la route chinois, et d’autre part, il ne fallait pas suivre les autres aveuglément. Par ailleurs, cet incident lui a aussi apporté une amitié précieuse : un ami chinois rencontré en ligne l'a aidé sur place et leur lien s'est renforcé depuis. "Cette expérience m’a appris que, quelles que soient les épreuves de la vie, il ne faut jamais abandonner trop facilement.", a-t-il confié, c’est précisément cette expérience qui l’a rendu plus résilient vers l’épanouissement.

Exploration culturelle : sortir de sa zone de confort
À l’instar des jeunes Chinois, ce jeune Marocain a aussi son propre cercle d’amis et ses compagnons d’activités. Lorsqu’il est arrivé en Chine, Kélil s’appuyait beaucoup sur son grand frère. Mais en seulement quelques mois, il a osé sortir de sa zone de confort culturelle. Ce qui a déclenché ce changement, c’est justement cet accident de la route : lorsque son amis chinois s’est mobilisé pour l’aider, il a soudain pris conscience qu’il valait mieux explorer le monde qui l’entoure plutôt que de se réfugier dans son cercle linguistique habituel.
Si une porte mène vers l’inconnu, alors la musique est sans aucun doute la clé qui permet de l’ouvrir. C’est lors du Concours de chant en chinois pour les étudiants internationaux, organisé par sa faculté, que son talent musical a été découvert par le grand public. Cet événement est depuis longtemps un rendez-vous incontournable pour les étudiants étrangers de la SISU. Lorsque les projecteurs se sont allumés, un jeune homme aux cheveux bouclés, au regard doux et avec une guitare entre les mains, a retenu l’attention de l’audience avec sa voix. Kélil a choisi d’interpréter Dans la pluie de son chanteur préféré, Wang Feng.

(Kélil au Concours de chant en chinois pour les étudiants internationaux)
Son chant semblait raconter son changement. Kélil n’a pas seulement remporté le deuxième prix dans ce Concours, il a aussi rencontré un groupe d'amis partageant la même passion pour la musique. Six mois plus tard, il est remonté sur la scène de l’auditorium Yifu, cette fois accompagné de plusieurs amis. Ces amis venaient d'Indonésie, de Thaïlande, du Vietnam et du Nigeria. Ensemble, sous les projecteurs, ils incarnaient un magnifique échange culturel.

(Kélil et ses amis sur la scène)
Cependant, Kélil ne s’arrête pas là. "J’ai rencontré un ami chinois de l’École supérieure de traduction et d’interprétation de la SISU, qui m’a invité à participer à diverses activités et m’a intégré dans plusieurs groupes. Grâce aux échanges entre amis, mon cercle d’amis s’est considérablement élargi", raconte-t-il. Aujourd’hui, Kélil est entouré de compagnons de guitare, de spectacles, de karting, et même de photographie. Récemment, il a obtenu son permis de conduire et, de temps en temps, il loue une voiture auprès de l’entreprise d’un ami pour mieux découvrir cette ville.

Pour réellement comprendre la culture et la société d’un pays, la meilleure façon est de l’explorer soi-même, plutôt que de suivre les reportages des médias ou opinions des autres", explique-t-il. "Avant, à Casablanca, je pensais que les Chinois étaient très sérieux, qu'ils ne souriaient pas beaucoup et que leur vie se résumait essentiellement au travail. Mais une fois arrivé à Shanghai, j’ai découvert que les Chinois étaient généralement chaleureux et bienveillants. Ces soi-disantes frontières souvent mal comprises par les étrangers constituent en réalité des espaces tampons de la coexistance des civilisations."
Conclusion
De la scène aux salles de classe, en passant par les rues de Shanghai, Kélil trace sa route avec passion et détermination. Face aux difficultés, il avance avec bravoure ; face à l’avenir; il est plein d’espoir.
Ce qui est intéressant, c’est que la SISU témoigne de l’épanouissement des frères Kélil. Son grand frère termine son master à Shanghai, et son jeune frère prévoit également d'y poursuivre ses études. Quant à Kélil, il envisage de rester en Chine pour contribuer aux échanges culturels sino-marocains et poursuivre ses rêves.
Source : l’Université des Études Internationales de Shanghai
